Bienvenue dans les méandres de mon âme et les dunes de mon enfance, je suis le vent et le désert, une silhouette forgée par les vastes étendues sahariennes et le souffle aride qui murmure à travers elles. Sans me personnifier par un prénom, je préfère que vous gardiez de moi l'image non pas d'une personne, mais plutôt celle d'un souffle de vent qui vient conter l'histoire d'une cité, perdue entre l'immensité de l'océan et les vastes étendues du désert.
Pour que vous compreniez Nouakchott à travers mes yeux il faut tout de même que vous sachiez que je suis une enfant de diplomates, dont les racines se sont tissées au rythme des étés passés à Nouakchott. Cette capitale, cœur battant du grand pays saharien, est notre refuge estival, le théâtre de retrouvailles familiales bercées par la chaleur torride et les coupures de courant inopinées. Pourtant, c’est dans ces interruptions de la modernité que Nouakchott dévoile sa beauté la plus pure à mes yeux, un sanctuaire retrouvé après des mois d’absence, un puits où nous, enfants de l’étranger, venons nous ressourcer.
Ce blog, "Carnet Saharien", est mon hommage personnel à cette ville qui éveille en moi la nostalgie et l’espoir. À travers lui, je désire vous offrir un regard intime sur le quotidien nouakchottois, capturé à travers les yeux de notre jeunesse. Nous y explorons non seulement ce que nous avons vécu, mais aussi les échos de nos souvenirs et les murmures de notre avenir.
Ici, je déploierai une mosaïque de thèmes variés : des portraits vibrants de Nouakchott, révélant le nouveau visage d'une cité en constante métamorphose, jusqu'aux récits qui plongent dans les profondeurs de son histoire et de ses traditions. Chaque billet est une fenêtre ouverte sur notre monde, illustrée par des photographies, des archives, des poèmes et des textes qui célèbrent la richesse culturelle de la Mauritanie, pays des mille poètes.
Ce "Carnet Saharien" est donc une invitation à vous joindre à moi, à découvrir et à ressentir l'âme de Nouakchott comme je la vis et la respire. Je vous y accueille, cher lecteur, pour partager ensemble le récit de cette terre où le sable et les mots s'entremêlent pour écrire notre histoire commune. Bienvenue dans mon monde, là où chaque grain de sable porte en lui un poème du Sahara.
Nouakchott; Un Mirage Devenu Réalité.
Chronique une
Au cœur du Sahara, là où le désert rencontre les eaux tumultueuses de l'océan Atlantique, se trouve Nouakchott, une cité érigée dans l’espoir et l’ambition. Née en 1959 sur un site qui n'était autrefois qu’un modeste ksar - une bourgade - abritant une garnison française, cette ville a été choisie pour devenir la capitale de la Mauritanie naissante. Cet emplacement stratégique, choisi pour son ouverture sur l'Atlantique et sa position centrale loin des frontières agitées, promettait sécurité et prospérité pour le jeune État mauritanien. De nombreux nomades, porteurs d'une culture profondément ancrée dans le mouvement et la liberté du désert, ont commencé à se sédentariser, dessinant les premiers contours d’une capitale qui se voulait le berceau d'une nation diverse et unie. Ce fut un défi colossal, mais aussi une nécessité pour former une nation unie sous la bannière d'un nouvel État.
À ses débuts, Nouakchott n’était qu’un projet ambitieux, un puits autour duquel quelques bâtiments ont été construits. L'hostilité apparente du climat saharien, la rareté de l’eau et les tempêtes de sable n’étaient pas accueillantes. Pourtant, les premiers fonctionnaires ont été généreusement récompensés pour s’y installer, marquant ainsi le début d'une ère de peuplement forcé qui allait transformer le visage de cette région.
Dans les décennies qui suivirent, la ville a subi une transformation rapide. Elle s’est étendue, gagnant chaque jour en superficie et en population. Les nomades, attirés par les nouvelles opportunités économiques et les promesses d'une vie meilleure, sont venus s'installer, échangeant leurs tentes traditionnelles contre des maisons en dur. Des quartiers comme Kebbe Mendes et Kebbe Marbat, jadis des agglomérations de bidonvilles, se sont transformés en extensions régulières de la ville, tandis que les gazra, zones autrefois squattées, ont cédé la place à des lotissements planifiés.
Mais Nouakchott n'est pas seulement une histoire de bâtiments et de rues. C'est un point de rencontre où se mêlent les cultures des différentes ethnies de Mauritanie. Maures, Peuls, Soninkés, et Wolofs cohabitent, partageant leurs traditions, leur musique, leur cuisine et leurs langues. L'arabe reste la langue officielle, mais le pulaar, le soninké, et le wolof résonnent avec force dans le quotidien des mauritaniens, témoignant de la richesse linguistique et culturelle du pays.
Au tournant des années 2010, Nouakchott a commencé à offrir un nouveau visage à ses visiteurs et à ses résidents. Les larges avenues sont désormais bordées de palmiers, et les feux tricolores régulent le flux des 4x4 brillants. Des immeubles de verre s'élèvent, symbolisant le nouveau dynamisme économique, tandis que les marchés traditionnels continuent de vibrer au rythme des négociations et des échanges quotidiens.
Les défis demeurent grands dans ce pays où l'islam rythme le quotidien. La piété imprègne chaque aspect de la vie, des appels à la prière qui marquent le temps, jusqu'aux festivités religieuses qui unissent les communautés. Mais c’est cette foi, partagée par tous, qui offre aussi un socle de stabilité et d'espérance face aux épreuves économiques, sociales et environnementales.
Nouakchott, où le temps semble parfois suspendu dans l’immensité du désert, invite ses enfants et ses visiteurs à redécouvrir un rythme de vie où la tranquillité de l'âme prévaut sur l'agitation mondaine. La tâche est grande, mais l'engagement des Mauritaniens et des Mauritaniennes à travailler avec sincérité pour un avenir radieux est indéniable. C'est avec cet esprit que nous, enfants de la Mauritanie, continuons de tisser le récit de notre pays, en honorant à la fois notre héritage et en accueillant le changement.
Asma Teiss